Appel à contributions

Cahiers PROTAGORAS n° 15

La communication politique de crise : entre polycrise et recompositions post-pandémiques

Édition spéciale en partenariat avec l’Académie des Controverses et de la Communication Sensible (ACCS)

ARGUMENTAIRE

La communication politique contemporaine s’inscrit dans un environnement structurellement instable, marqué par l’accélération des cycles médiatiques et la fragmentation des publics. Dans ce contexte de « polycrise » globale, caractérisé par des instabilités imbriquées et des responsabilités diluées (Bencherif, 2025 ; Zaki et al., 2024 ; Manfredi-Sánchez & Smith, 2023), la gestion de crise ne constitue plus une pratique d’exception mais un pilier ordinaire de la gouvernance démocratique (Scammell, 2004 ; Chen, 2012). Des attentats terroristes à la pandémie du COVID-19 (Hu & Zhong, 2023 ; Boin et al., 2021), en passant par les crises géopolitiques (Ciot & Ghidiu, 2020) et les dérèglements climatiques (Denisova, 2025 ; Uldam & Askanius, 2022), la dernière décennie a révélé le rôle crucial d’une communication politique de crise capable d’articuler expertise technique, autorité politique et adhésion citoyenne – au regard, notamment, de l’importance croissante des registres émotionnels et performatifs en temps de crise (Chaussinand, 2023). À cet égard, la pandémie de COVID-19 a constitué un laboratoire d’expérimentation privilégié, révélant la diversité des modèles de leadership en situation de crise (Dacheux & Goujon, 2021 ; Lilleker et al., 2021 ; Kahn, 2020), les stratégies communicationnelles oscillant entre une personnalisation du pouvoir et la technocratisation des décisions – soulignant la centralité du positionnement dirigeant exposé à la contingence (Premat, 2024). En parallèle, l’analyse des scandales politiques révèle une mutation des formes de vulnérabilité politique dans un contexte d’hypermédiatisation (Gorissen, 2025 ; Berndt Rasmussen & Olsson Yaouzis, 2020 ; Chandra & Erlingsdóttir, 2020).

La communication politique de crise, comprise comme l’ensemble des pratiques discursives et symboliques mises en œuvre par les responsables politiques face aux situations d’urgence, caractérisées par leur imprévisibilité et leur forte exposition médiatique (Hinck & Cooley, 2023), doit désormais naviguer entre plusieurs impératifs contradictoires : transparence institutionnelle (Fernández-Torres & Chamizo-Sánchez, 2025), cohérence narrative (Mahé & Martel, 2023 ; Manfredi-Sánchez & Smith, 2023), promptitude réactionnelle (Voina & Stoica, 2023) et ajustement aux publics multiples (Haller & Michael, 2024), notamment au sein de l’écosystème numérique. À ce titre, les données de recherche récentes suggèrent que le régime d’instantanéité et de viralité imposé par les médias numériques exercent une influence négative sur les stratégies de gestion de crise mises en œuvre par les acteurs politiques (Lorenz-Spreen, 2023 ; Prince & Giasson, 2019). Les chercheurs pointent une polarisation croissante, une défiance accrue à l’égard des institutions démocratiques et des médias, ainsi qu’une diffusion accrue de la désinformation (Sato & Wiebrecht, 2024 ; McCoy et al., 2018).  

Cette édition spéciale des Cahiers Protagoras invite à explorer plusieurs axes de la communication politique de crise :

  • Temporalités et rythmicités : entre accélération médiatique, culture du risque et « résilience institutionnelle » (Mahé & Martel, 2023 ; Bourbeau, 2018).
  • Digitalisation, intelligence artificielle et post-vérité : la transformation des équilibres entre information, affectivité en ligne et défiance du politique, incluant l’impact des outils d’intelligence artificielle sur la production, la diffusion et la réception des messages de crise (Borowski, 2025; Surjatmodjo et al., 2024; Monnier, 2020).
  • Les modèles de leadership politique de crise : spécificités genrées, culturelles et idéologiques à l’instar des acteurs populistes face aux crises (Järviniemi, 2024 ; Voina & Stoica, 2023 ; Deswert, 2021)
  • Globalisation des publics et arènes communicationnelles transnationales : l’émergence d’espaces publics globalisés durant les crises, nécessitant des stratégies communicationnelles adaptées à la fois aux spécificités locales et aux dynamiques transnationales de l’opinion publique (Landqvist & Blåsjö, 2024; Nocheva, 2024).
  • Crises de régime et résilience démocratique : entre fermeté sécuritaire et reconnaissance des revendications citoyennes (Febvre-Issaly, 2024 ; Gillies et al., 2023 ; Djuve et al., 2020).

Nous appelons des contributions interdisciplinaires et bilingues (en français ou anglais) visant à enrichir notre compréhension des pratiques et stratégies communicationnelles actuelles. Les propositions pourront, en outre, adopter des approches théoriques, empiriques ou comparatives. 

L‘appel en PDF est à télécharger en cliquant ici.

 

COMMUNICATIONS ATTENDUES ET PROCÉDURE DE SOUMISSION

Les abstracts devront comporter :

Dans un fichier séparé :

  • le nom, le statut professionnel ou académique, le rattachement institutionnel, les coordonnées du ou des auteurs (adresses électronique et postale).
  • Le titre de la communication (maximum 180 caractères espaces compris).
  • Un résumé de 500 mots (références non comprises) faisant ressortir l’intérêt de la contribution et comportant un aperçu de la problématique.

Les propositions de communications peuvent se présenter soit comme des analyses réflexives fondées sur des recherches empiriques récentes et achevées, soit comme des analyses de pratiques professionnelles en communication.

Les propositions (en format Word ou PDF) devront comporter :

  1. Dans un fichier séparé : le nom, le statut professionnel ou académique, le rattachement institutionnel, les coordonnées du ou des auteurs (adresses électronique et postale).
  2. L’article ne doit pas excéder les 30.000 signes (notes, espaces et références inclus).
  3. Titre de l’article (maximum 180 caractères espaces comprises) : Times New Roman, taille 12, en gras et centré sur la page.
  4. Le nom de l’auteur est en maigre et centré sur la page. Il est suivi d’un appel de note. Laquelle reprend en 2/3 lignes les informations biographiques de l’auteur.
  5. Le texte (en ce compris les titres) est composé entièrement en Times New Roman taille 12, justifié et sans retrait d’alinéa.
  6. Merci de ne faire aucun effet de style : pas de saut de page ni de saut de section, pas de double passage à la ligne…
  7. Interlignage du document : 1,5.
  8. Marges : 2,5 cm partout. Mise en page standard.
  9. Hiérarchisation du document. 2 niveaux de titre.
    • Ne pas numéroter les titres ni les sous-titres.
    • Titre de chaque partie : en gras, droit et aligné à gauche.
    • Titre de chaque sous partie : en maigre, italique et aligné à gauche.
  10. Veiller à toujours préciser les sigles utilisés.
  11. Supprimer tous les « bullet points » : merci de faire des phrases complètes.
  12. Utiliser des synonymes aussi souvent que possible.
  13. Réduire au maximum le nombre de notes de bas de page.
  14. Supprimer les doubles (ou triples) espaces entre les mots.
  15. Veiller à toujours respecter les espaces insécables avant (et après) les signes de ponctuation suivants : ? ! ; « »
  16. Vérifier toutes les citations de l’article, de même que la graphie des noms propres.
  17. Jusqu’à douze les nombres sont écrits en toutes lettres, en chiffres ensuite.
  18. Les siècles sont indiqués de la façon suivante : XVIIIe siècle, XIXe siècle…
  19. Les citations de moins de 4 lignes sont mises entre guillemets et restent dans le corps du texte.
  20. Celles de plus de 4 lignes sont placées entre guillemets en retrait du corps du texte. Elles restent en Times New Roman 12.
  21. Accentuer les capitales (À et É) en début de phrase.
  22. Placer les références bibliographies dans le corps du texte sous cette forme : (Mayeur 2017 : 1), (Lallemand 2004b : 234).
  23. Les références bibliographiques suivent les normes APA françaises (7ème édition, 2019), dans la bibliographie générale et dans le texte.

PROCEDURES DE SELECTION ET CALENDRIER

Les abstracts doivent être envoyés pour le dimanche 9 novembre 2025 au plus tard.

Le comité scientifique procédera ensuite à l’examen des abstracts et rendra son évaluation pour le 17 novembre 2025.

Les propositions finales seront attendues pour le 1er février 2026. Elles seront évaluées en double aveugle par des membres de notre comité scientifique, qui rendra son avis pour le 2 mars 2026.

Si des corrections sont nécessaires, les propositions modifiées seront attendues au plus tard le 12 avril 2026.

La publication du Cahier est prévue pour le mois de juin 2026. Les abstracts et les futures propositions doivent être envoyées à baptiste.buidin@galilee.be

RÉFÉRENCES

  • Bencherif, A. (2025). Les polycrises : une nouvelle réalité internationale ? Cahiers de recherche en politique appliquée, 1. 6-13.
  • Berndt Rasmussen, K., & Olsson Yaouzis, N. (2020). MeToo, Social Norms, and Sanctions. The Journal of Political Philosophy, 28(3), 273–295.
  • Boin, A., McConnell, A., & ‘t Hart, P. (2021). Governing the Pandemic: The Politics of Navigating a Mega-Crisis (1st ed.). Springer Nature.
  • Borowski, A. (2025). Malaise and crisis in the algorithmic civilisation. International Review of Applied Economics, 1–18. 
  • Bourbeau, P. (2018). On Resilience: Genealogy, Logics, and World Politics, Cambridge University Press.
  • Chandra, G., & Erlingsdóttir, I. (Eds.). (2020). The Routledge Handbook of the Politics of the #MeToo Movement (1st ed.).
  • Chaussinand, E. (2023). Le « déficit d’empathie » d’Emmanuel Macron ? Quand la presse décrypte les émotions présidentielles… Les langages du politique, 132, 137-148.
  • Chen, N. (2012). Beijing’s Political Crisis Communication: An analysis of Chinese government communication in the 2009 Xinjiang riot. The Journal of Contemporary China, 21(75), 461-479.
  • Ciot, M.-G., & Ghidiu, I. A. (2020). Reconfiguration of Geopolitical Strategies in Trump’s Era: The Impact of American Political Leadership’s Idiosyncrasies on the Traditional Transatlantic Relations. Studia Europejskie, 24(2), 25–42.
  • Dacheux, É., & Goujon, D. (2021). L’après Covid : repenser la démocratie en sortant de la fascination numérique. Droit, Santé et Société1(1), 75‑84.
  • Denisova, A. (2025). Effective Climate Communication : Turning Eco-Anxiety into Eco-Action(1st ed. 2025.). Springer Nature Switzerland.
  • Deswert, C. (2021). The Praise for a « Caretaker » Leader: Gendered Press Coverage of Prime Minister Sophie Wilmès in a COVID-19 Context. Politics of the Low Countries, 3(2), 186-204.
  • Febvre-Issaly, M. (2024). Crise de régime ? Esprit, Octobre(10), 14-17.
  • Djuve, V. L., Knutsen, C. H., & Wig, T. (2020). Patterns of Regime Breakdown Since the French Revolution. Comparative Political Studies, 53(6), 923–958.
  • Fernández-Torres, M. J., & Chamizo-Sánchez, R. (2025). Qatargate and lobbying crisis in the European Union. Media analysis and regulatory challenges for institutional transparency. Frontiers in Political Science7.
  • Gillies, J., Raynauld, V., & Wisniewski, A. (2023). Canada is No Exception: The 2022 Freedom Convoy, Political Entanglement, and Identity-Driven Protest. American Behavioral Scientist, 0(0)
  • Gorissen, S. (2025). The Mainstream News Framing of the Stormy Daniels Scandal: Defending or Denouncing Donald Trump and the Symbolic Annihilation of Stephanie Clifford. Women’s Studies in Communication, 48(1), 98-121.
  • Hinck, R. S., & Cooley, S. C. (2023). Hybrid regimes and narrative legitimacy during economic crises: Resiliency narratives of Egypt’s economic crisis. Global Media and Communication, 19(3), 373-397.
  • Hu, Q., & Zhong, W. (2023). State‐level politicization of crisis communication on Twitter during COVID‐19: Conceptualization, measurement, and impacts. Public Administration Review, 83(5), 1266–1280.
  • Järviniemi, J. (2024). Populist communication during times of crisis across party lines. Nordicom Review, 45(2), 296-319.
  • Kahn, L. (2020). Who’s in charge? Leadership during epidemics, bioterror attacks, and other public health crises. Santa Barbara, CA: Praeger Security International.
  • Lilleker, D., Coman, I. A., Gregor, M., Novelli, E., & Coman, I. A. (2021). Political Communication and COVID-19: Governance and Rhetoric in Times of Crisis(1st ed., Vol. 1). Routledge.
  • Landqvist, M., & Blåsjö, M. (2024). Collaboration, reinvented tools and specialist knowledge: Communication professionals’ experiences of global health crisis management. Discourse & Communication, 18(4), 514–534.
  • Lorenz-Spreen, P., Oswald, L., Lewandowsky, S., & Hertwig, R. (2023). A systematic review of worldwide causal and correlational evidence on digital media and democracy. Nature Human Behaviour, 7, 74–101.
  • Mahé, A.-L., & Martel, S. (2023). Crisis narratives and institutional resilience: a framework for analysis. Journal of International Relations and Development, 26(3), 505–529.
  • Manfredi-Sánchez, J.-L., & Smith, N. R. (2023). Public diplomacy in an age of perpetual crisis: assessing the EU’s strategic narratives through six crises. Journal of Communication Management, 27(2), 241–258.
  • McCoy, J., Rahman, T., & Somer, M. (2018). Polarization and the Global Crisis of Democracy: Common Patterns, Dynamics, and Pernicious Consequences for Democratic Polities. The American Behavioral Scientist, 62(1), 16–42.
  • Monnier, A. (2020). Covid-19 : de la pandémie à l’infodémie et la chasse aux fake news. Recherches & éducations, Hors-série.
  • Nocheva, N. (2024). Framing Action Through Participatory Theater: What Can We (Mis)understand for Global Crises? Communication Studies, 75(5), 670–688.
  • Premat, C. (2024). Le rôle de l’expertise dans la construction du consensus suédois face à la pandémie. Dans C. Premat, J.-M. De Waele, & M. Perottino (Éds.), Comparing the place of experts during the first waves of the COVID-19 pandemic (pp. 421-448). Stockholm University Press.
  • Prince, V., & Giasson, T. (2019). Là, tout de suite?: La gestion de crise gouvernementale à l’ère de l’instantanéité médiatique (1st ed.). Presses de l’Université du Québec.
  • Sato, Y., & Wiebrecht, F. (2024). Disinformation and Regime Survival. Political Research Quarterly, 77(3), 1010–1025.
  • Scammell, M. (2004). Crisis? What Crisis? Political Communication in the Blair Era. Political Communication, 21(4), 501-510.
  • Surjatmodjo, D., Unde, A. A., Cangara, H., & Sonni, A. F. (2024). Information Pandemic: A Critical Review of Disinformation Spread on Social Media and Its Implications for State Resilience. Social Sciences, 13(8), 418.
  • Uldam, J., & Askanius, T. (2022). Time for Climate Action? Political Actors’ Uses of Twitter to Focus Public Attention on the Climate Crisis During the 2019 Danish General Election. International Journal of Communication16(16), 385-.
  • Voina, A., & Stoica, M. S. (2023). Reframing leadership: Jacinda Ardern’s response to the Covid-19 pandemic. Media and Communication, 11(1), 1-15.
  • Zaki, B. L., Pattyn, V., & Wayenberg, E. (2024). Policymaking in an age of polycrises: emerging perspectives. Policy Design and Practice, 7(4), 377–389.

COMITÉ ÉDITORIAL

  • François Allard-Huver – ACCS, Université catholique de l’Ouest (UCO), Centre de recherche Humanités et Sociétés (CHUS)
  • Nicolas Baygert – IHECS-Protagoras, Université Libre de Bruxelles (ULB) & Sciences Po Paris
  • Baptiste Buidin – IHECS-Protagoras
  • François Debras – ULiège & Haute Ecole Libre Mosane (HELMo)
  • Thierry Devars – CELSA/Paris-Sorbonne
  • Charles Devellennes – University of Kent
  • Philippe Dubois – École nationale d’administration publique (ENAP), Centre de recherche sur la gouvernance (CERGO), Groupe de recherche en communication politique (GRCP)
  • Esther Durin – IHECS-Protagoras
  • Alexandre Eyries – Université catholique de l’Ouest (UCO), Centre de recherche Humanités et Sociétés (CHUS)
  • Mohamed Fahmi – Paris 8/Paris Nanterre & Université libre de Bruxelles (ULB).
  • Mihaela Gavrila – Università degli Studi di Roma La Sapienza
  • Mehdi Ghassemi – Institut des Stratégies et Techniques de Communication (ISTC)
  • Adrien Jahier ­­– IHECS-Protagoras, GRESEA
  • Karine Johannes – ACCS, Université Internationale de Rabat
  • Stavros Kaperonis – Panteion University of Social and Political Sciences (Athènes)
  • Isabelle Le Breton-Falezan – CELSA/Paris-Sorbonne
  • Élise Le Moing-Maas – IHECS-Protagoras & Université Rennes 2
  • Thierry Libaert – ACCS, UCLouvain
  • Loïc Nicolas – IHECS-Protagoras 
  • Alvaro Oléart – Université Libre de Bruxelles (ULB)
  • Gisela Reiter – FHWien der WKW, University of Salzburg & University of Vienna
  • Kelly Vossen – Université Saint-Louis (Bruxelles)
  • Jan Zienkowski – Université Libre de Bruxelles (ULB)