Appel à communications

Colloque international en partenariat avec l'Université Panteion Grèce - Mai 2026

Topos et Demos : une approche critique des politiques de communication territoriale

ARGUMENTAIRE

Ce colloque s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche consacré à l’analyse des interactions entre le topos (le lieu) et le demos (la communauté locale) dans les discours et pratiques de communication territoriale. En mobilisant une approche critique, il vise à interroger les conditions sociales, politiques et symboliques dans lesquelles les acteurs institutionnels, médiatiques et citoyens produisent, contestent ou réinventent des manières de dire, de représenter et de mettre en récit leur territoire à travers divers dispositifs communicationnels, politiques et médiatiques (Habermas, 1987 ; Arendt, 1995).

Les politiques contemporaines de communication territoriale s’inscrivent à l’intersection de plusieurs dynamiques : celles des rhétoriques de gouvernance participative (Blondiaux, 2008, Psylla 2000), de marketing public (Kavaratzis, 2004; Anholt, 2007), de la médiatisation des enjeux locaux et de la construction d’espaces publics médiatisés (Couldry & Hepp, 2017, Stevenson, 2003), ainsi que des processus de production symbolique des lieux (Debarbieux, 1995 ; Monnet, 1998 ; Muller & Surel, 1998 ; Boutaud & Veron, 2007)

En croisant ces perspectives, le colloque souhaite interroger les tensions, hybridations et réappropriations qui traversent les stratégies contemporaines de communication territoriale. Il s’agira d’ouvrir un espace de dialogue interdisciplinaire entre chercheurs afin d’analyser la production, la circulation et la réception des discours qui façonnent aujourd’hui les imaginaires territoriaux.

I. Approche critique de la communication territoriale

Cet axe vise à examiner de manière critique les stratégies de communication territoriale, à la fois sous l’angle de la réflexion épistémologique et à travers l’analyse de cas concrets issus de différents contextes européens. Les études de cas permettent d’évaluer les dispositifs mis en œuvre — stratégies, outils et narratifs — ainsi que les débats et controverses suscités par leur définition et leur application dans des environnements politiques et sociaux contrastés (Harvey, 2000 ; Serafis, 2023).

Par ailleurs, cet axe invite à interroger la manière dont la critique et la contestation des modèles existants favorisent la réappropriation des concepts et stratégies de communication territoriale. Ces dynamiques peuvent contribuer à l’émergence de modèles alternatifs orientés vers la pérennisation des activités locales, le renforcement de la résilience communautaire, la participation citoyenne et la promotion du développement durable.

Les contributions pourront appréhender les politiques de place branding (Kavaratzis, Warnaby, & J. Ashworth, 2015 ; Baygert 2014) et leurs effets, autant que l’analyse critique de modèles de communication territoriale (Awono, 2015). Des contributions portant sur les pratiques de réappropriation citoyenne et les démarches de co-construction des stratégies territoriales (Klijn et al., 2012) sont également bienvenues. 

II. Consumérisme versus culture et héritage locaux

En s’appuyant sur une représentation parfois essentialisée de la culture ou du patrimoine, la communication territoriale peut tendre à produire une identité construite « d’en haut », perçue comme artificielle ou réductrice par les communautés qui y vivent. Cet axe invite par conséquent à explorer les processus de construction d’une identité « consumériste » pour le territoire et questionne la réception de ces stratégies par les habitants (Bauman, 2004).

Il permet également d’interroger les relations entre les acteurs publics et privés, qui peuvent s’allier ou s’opposer dans la mise en place d’infrastructures ou d’activités culturelles et patrimoniales, pensées ou inscrites dans le cadre de stratégies de développement et de communication territoriale.

Des contributions portant sur les formes contemporaines de (ré)invention et de transformation des identités locales (Debarbieux, 2012) seront particulièrement bienvenues dans le cadre de cet axe. Les politiques de patrimonialisation, ainsi que leurs effets sur les communautés (Davallon, 2006), les territoires et leurs imaginaires pourront également offrir un éclairage fécond. 

Cet axe accueillera en outre des études portants sur les tensions entre acteurs publics, privés et associatifs dans la conception et la mise en œuvre d’événements et d’infrastructures culturelles (Froment & Salone, 2024).

III. Le territoire en récit : les médias et la communication territoriale

Ce dernier axe s’intéresse à la manière dont les productions médiatiques participent à la construction des territoires en élaborant des récits qui façonnent leur perception dans l’espace public. Il questionne la manière dont les médias s’emparent des enjeux territoriaux, mettent en récit les territoires et contribuent à produire des représentations et des imaginaires collectifs.

Il s’agit notamment ici d’examiner comment les médias donnent à voir les acteurs, les discours et les dynamiques qui structurent les territoires. Une attention particulière sera ainsi portée à la manière dont le discours médiatique révèle les tensions territoriales, les oppositions discursives autour des visions du territoire, des objectifs poursuivis ou encore des images véhiculées (Hovik et al., 2022 ; Mitchell, 2003).

Les communications pourront donc aborder, entre autres, les dispositifs narratifs et visuels de mise en scène du territoire dans les médias (Raoul, 2020), la construction médiatique des tensions et identités territoriales ainsi que les imaginaires collectifs produits et diffusés par les médias (Noyer et al., 2013).

MODALITES DE SOUMISSION

Les propositions (titre, résumé de 3 000 signes, bibliographie sélective et notice biographique de 10 lignes) sont à envoyer avant le 15 janvier 2026 aux adresses suivantes : baptiste.buidin@galilee.be, vagianosd@panteion.gr et mpsilla@panteion.gr 

Les communications pourront être présentées en français ou en anglais.

Les propositions seront évaluées par le comité scientifique selon leur pertinence, leur qualité méthodologique et leur ancrage théorique. Une sélection des communications fera l’objet d’un numéro spécial dans une revue internationale à comité de lecture.

ORGANISATION

Le colloque s’ouvrira à Athènes et se poursuivra sur l’île de Tinos, du 18 au 22 mai 2026. Des indications précises quant aux lieux ainsi que des recommandations pour les logements et transports seront communiquées aux contributeurs dont les soumissions auront été évaluées positivement par le Comité scientifique. 

Les participation au colloque sera gratuite mais les frais liées au logements et aux transports devront être pris en charge par les participants ou leurs institutions.

RÉFÉRENCES

Arendt, H., (1995), Qu’est-ce-que la politique? , Paris: Seuil.

Anholt S. (2007). Competitive Identity. The New Brand Management for Nations, Cities and Regions. Palgrave Macmillan. http://dx.doi.org/10.1057/9780230627727

Awono R. (2015). La communication territoriale : constructions d’un champ. Communiquer [En ligne], (15). DOI : https://doi.org/10.4000/communiquer.1686

Bauman Z., (2004). Identity, Cambridge : Polity Press

Baygert, N. (2014). Le nouveau branding wallon. Outre-terre : revue française de géopolitique, 40(3), 156‑165. https://doi.org/10.3917/oute1.040.0156

Blondiaux, L. (2008). Le nouvel esprit de la démocratie : Actualité de la démocratie participative. Paris : Seuil.

Boutaud, J.-J., & Veron, E. (2007). Sémiotique ouverte (itinéraires sémiotiques en communication). Paris : Hermes/Science-Lavoisier

Couldry, N., & Hepp, A. (2017). The mediated construction of reality. Cambridge : Polity Press.

Davallon, J. (2006). Le don du patrimoine : Une approche communicationnelle de la patrimonialisation. Paris : Hermès Science Publications.

Debarbieux B. (1995). Le lieu, le territoire et trois figures de rhétorique. L’Espace géographique, 24(2). https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1995_num_24_2_3363

Debarbieux B. (2012). Tourisme, imaginaires et identités : inverser le point de vue. Via Tourism Review [En ligne], (1) DOI : https://doi.org/10.4000/viatourism.1191

Froment P. & Salone C. (2024). Enjeux culturels métropolitains : entre instrumentalisation et contestation. Dans Rivière D. (dir.) Les métropoles d’Europe du Sud à l’épreuve des crises du XXIe siècle (pp.307-350). Publications de l’École française de Rome. ⟨hal-04925611⟩

Habermas, (1987). Théorie de l’agir communicationnel, tome 1 : Rationalité de l’agir et rationalisation de la société et tome 2 : Critique de la raison fonctionnaliste. :Paris: Fayard

Harvey, D. (2000). Spaces of hope. Berkeley: University of California Press.

Hovik, S., Giannoumis, G. A., Reichborn-Kjennerud, K., Ruano, J. M., McShane, I., & Legard, S. (Eds.). (2022). Citizen participation in the information society: Comparing participatory channels in urban development. Palgrave Macmillan. https://doi.org/10.1007/978-3-030-99940-7

Kavaratzis M., Warnaby G. & Ashworth G.J. (2015). Rethinking Place Branding. Springer. 

Kavaratzis, M. (2004). From city marketing to city branding: Towards a theoretical framework for developing city brands. Place Branding, 1(1), 58–73. https://doi.org/10.1057/palgrave.pb.5990005

Klijn, E. H., Eshuis, J., & Braun, E. (2012). The Influence of Stakeholder Involvement on The Effectiveness of Place Branding. Public Management Review, 14(4), 499–519. https://doi.org/10.1080/14719037.2011.649972

Μitchell, D., (2003). The right to the city: Social justice and the flight for public space. New York: Guilford Press.

Monnet J. (1998). La symbolique des lieux : pour une géographie des relations entre espace, pouvoir et identité. Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Politique, Culture, Représentations, document 56. DOI : https://doi.org/10.4000/cybergeo.5316

Muller, P., & Surel Y., (1998). L’analyse des politiques publiques. Paris : Montchrestien

Noyer J., Paillart I. & Raoul B. (eds.). (2013). Médias et Territoires : l’espace public entre communication et imaginaire territorial. Presses Universitaires du Septentrion. https://doi-org.kbr.idm.oclc.org/10.4000/books.septentrion.113555

Psylla, M., (ed.). (2000). Gouvernance Locale et Société Civile. Cahiers d’autonomies locales (2). [en grec]

Raoul B. (2019), Le territoire à l’épreuve de la communication : mutations, imaginaires, discours. Presses Universitaire du Septentrion. https://doi-org.kbr.idm.oclc.org/10.4000/books.septentrion.135922.

Serafis, D., (2023), Authoritarianism on the Front Page, Amsterdam/Philadelphia: John Benjamins Publishing Company

Stevenson, D., (2003), Cities and Urban Cultures, Open University Press, UK.

 

COMITÉ ÉDITORIAL

Nicolas Baygert – IHECS-Protagoras, Université Libre de Bruxelles (ULB) & Sciences Po Paris

Baptiste Buidin – IHECS-Protagoras

François Debras – ULiège & Haute Ecole Libre Mosane (HELMo)

Thierry Devars – CELSA/Paris-Sorbonne

Charles Devellennes – University of Kent

Philippe Dubois – École nationale d’administration publique (ENAP), Centre de recherche sur la gouvernance (CERGO), Groupe de recherche en communication politique (GRCP)

Esther Durin – IHECS-Protagoras

Alexandre Eyries – Université catholique de l’Ouest (UCO), Centre de recherche Humanités et Sociétés (CHUS)

Mohamed Fahmi – Paris 8/Paris Nanterre & Université libre de Bruxelles (ULB).

Mihaela Gavrila – Università degli Studi di Roma La Sapienza

Mehdi Ghassemi – Institut des Stratégies et Techniques de Communication (ISTC)

Adrien Jahier ­­– IHECS-Protagoras, GRESEA

Stavros Kaperonis – Panteion University of Social and Political Sciences (Athènes)

Isabelle Le Breton-Falezan – CELSA/Paris-Sorbonne

Élise Le Moing-Maas – IHECS-Protagoras & Université Rennes 2

Loïc Nicolas – IHECS-Protagoras

Alvaro Oléart – Université Libre de Bruxelles (ULB)

Marianna Psylla – Panteion University of Social and Political Sciences (Athènes)

Gisela Reiter – FHWien der WKW, University of Salzburg & University of Vienna

Dimitris V. Vagianos – Panteion University of Social and Political Sciences (Athènes)

Kelly Vossen – Université Saint-Louis (Bruxelles)

Jan Zienkowski – Université Libre de Bruxelles (ULB)